Histoire, culture et patrimoine

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Histoire urbaine de Roquefort

Parmi la vaste étendue plate et sablonneuse qui caractérise le massif forestier landais, il est un phénomène géologique particulier, très localisé, une résurgence calcaire sur laquelle s’est installée la ville de Roquefort. Cette particularité a donné à la petite ville une physionomie très différente de ses voisines.

falaises calcaires

Elle a été créée au confluent de deux rivières, la Doulouze venue du Gers et l’Estampon venu des marécages du Gabardan qui donnent naissance à la Douze. Ces cours d’eau ont creusé un paysage de gorges et de falaises calcaires inconnu ailleurs dans la région. La biodiversité est ici très riche avec une variété de végétaux exceptionnelle comme par exemple la présence de scolopendres ou d’orchidées mais aussi des hêtres sur quelques hectares le long de la Douze. Ils font aujourd’hui l’objet de mesures de protection et il est interdit de les abattre. C’est aussi le cas pour la faune, le site du Cros étant connu pour abriter la plus grande variété de chauves-souris d’Aquitaine.
C’est grâce à la présence de calcaire que la ville est bâtie en pierre. Ses belles constructions témoignent du prestige de la ville, principalement au Moyen Âge et aux XVIIIe et XIXe siècles.

Premières traces humaines

Tout laisse à penser que le site de Roquefort a été occupé dès la préhistoire, même s’il n’a pas fait aujourd’hui l’objet de fouilles importantes. Lors de la construction de l’autoroute A65 une fouille au lieu-dit Barbien a révélé la présence de pierres taillées, de tessons de céramiques, d’objets métalliques qui attestent d’une présence humaine continue du Mésolithique à la période protohistorique. A Pipat, la présence d’un site de production de charbon de bois attesterait quant à lui d’une occupation durant l’Antiquité de même naturellement que la villa gallo-romaine de Sarbazan dont les très belles mosaïques sont exposées à l’abbaye d’Arthous.
Du fait du calcaire, la présence de grottes peut laisser supposer que des hommes ont trouvé refuge aux abords de la rivière. Bien qu’en partie effondrées les trois salles successives de la grotte dite des Cagots sur la rive droite du confluent, visitées au début des années 2000 par les archéologues, a laissé entrevoir quelques traces préhistoriques.

La Ville du Moyen-âge

La recherche nous permet surtout de connaître l’ histoire de la ville à partir du Moyen-âge.
Contrairement à ce qui a parfois été avancé, Roquefort n’a jamais été une bastide, mais un castelnau (château neuf en Gascon) ou plus précisément un bourg castral, c’est-à-dire un village regroupé au pied d’un château. Elle est plus ancienne que les bastides qui ont été fondées entre 1268 et 1346 (1291 pour Labastide d’Armagnac) alors que la première mention de Roquefort apparaît au tout début du XIIe siècle.

La ville aux deux châteaux

Le premier texte qui évoque Roquefort date de 1108. Il s’agit du cartulaire de l’abbaye de la Sauve Majeure dans l’Entre-deux-mers qui évoque la donation par Loup-Aner, vicomte de Marsan d’un rocher (roca fort) qui servait déjà d’abri et sur lequel sera érigé le premier château de Roquefort. Selon un texte de 1198, Arnaut Guillem de Marsan bénéficie de l’entière propriété de ce château. Il y aurait donc dès le XIIe siècle ce premier château dont il reste aujourd’hui la tour dominant le confluent des deux rivières (siège du cercle taurin actuel). Au pied du château on voit encore sur l’Estampon un barrage et l’ancien moulin dont l’activité s’est maintenue jusqu’au XXe siècle. Aujourd’hui transformé en logements, il occupe l’emplacement du moulin seigneurial, naturellement bâti au pied du château.
L’église de style roman est érigée à la fin du XIIe siècle. L’ensemble est protégé par une enceinte, le tout dessinant la physionomie de la ville telle qu’on la retrouve aujourd’hui le long des rues Alphonse Castaing(alors appelée Grande rue) et Hubert Croharé (appelée Petite rue).

Ce dessin réalisé dans les années 2010 lors de la restauration de l’église présente le château, l’église, les deux rues et l’enceinte médiévale. Si les plus anciennes maisons qui bordent ces rues remontent au mieux au XVIIIe siècle, il n’en reste pas moins que pour l’essentiel toutes ces maisons ont été construites en suivant la trame médiévale. Ces deux rues sont donc véritablement le centre historique de Roquefort.
On notera que le site du château primitif était protégé par un fossé rempli d’eau (« cros » en Gascon) qui reliait l’Estampon à la Douze. Ce château contrôlait l’accès sud de la ville (actuelle rue Penecadet) et le pont qui enjambe la Douze, daté du XIIIe ou XIVe siècle. Il est le seul pont gothique des Landes mais la bétonisation réalisée dans la deuxième moitié du XXe siècle pour le consolider lui a fait perdre toutes ses qualités esthétiques.
Particularité de Roquefort, un second château est bâti au milieu du XIIIe siècle,le château des vicomtes de Foix Béarn dont il nous reste également une tour aujourd’hui accolée au foyer des activités diverses, place Gaston Lasserre et à partir duquel s’est véritablement développée l’agglomération. Ces deux châteaux sont donc séparés par le « cros », à la jonction des deux rues.
A l’ouest, et au sud, la ville était bien protégée par ses falaises calcaires surmontées de remparts, à l’est, il a fallu ériger de hautes murailles qu’on découvre à droite en descendant le carrérot Perget depuis le foyer municipalalorsqu’à gauche au niveau de la Perception, on devine les anciennes douves au pied du rempart. Quatre portes fermaient la ville dont deux sont encore visible : la porte Castaing à l’est et la porte Lorrein au nord, deux autres ont disparu, à l’ouest la porte du Commanay qui contrôlait l’Estampon et au sud la porte Pènecadet qui contrôlait la Douze.

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Dans ce dessin de l’historien Yves Pauliet (1994) on voit les deux châteaux et l’étendue du château Foix Béarn qui longeait la Doulouze. La tour 5 appelée tour isolée est celle qui reste aujourd’hui. Elle est adossée au bâtiment qui abrite le foyer des activités diverses (FAD).
Dès les origines Roquefort existe par la route qui la traverse. Il est un lieu de passage mais aussi une ville étape en particulier sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, voie de Vézelay. Il abrita de nombreux ordres monastiques à commencer par celui des bénédictins qui avait créé leur prieuré à l’emplacement de l’église actuelle. Les Antonins avaient aussi un prieuré et un hôpital où s’abritaient les pèlerins.
Selon l’historienne Jeanne-Marie Fritz, au XVe siècle, les coseigneurs abandonnent le château de Marsan, trop inconfortable pour s’installer dans une nouvelle résidence de la Petite-Rue (face au n° 97 de la rue Hubert Croharé) dont on voit encore aujourd’hui le beau portail et une fenêtre à meneaux

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Que désigne l’appellation Pènecadet ? selon l’historien Yves Pauliet, Pène fait référence au rocher à pic du château de Marsan et cadet désigne, comme dans les familles, le deuxième. Pènecadet désignerait donc le deuxième château par rapport au rocher donc le château des Foix-Béarn

 Un troubadour de Roquefort 

Voici quelques années, l’historien Jacques de Cauna a sorti de l’oubli Arnaut-Guilhem de Marsan, seigneur de Roquefort qui fut l’un des tout premiers troubadours. Proche d’Aliénor d’Aquitaine dont il fréquenta la cour dans les années 1168-1173, et de Richard Cœur de Lion, le seigneur de Roquefort est l’auteur de « L’ensennhamen ou code du parfait chevalier », une œuvre de 628 vers par laquelle il enseigne l’art de vivre à un jeune chevalier. Jacque de Cauna a publié ce texte voici quelques années, avec une traduction du vieil occitan de Gérard Gouiran (ed. Pyrémonde, 2007). Il est désormais une référence parmi les textes de l’amour courtois et donne un excellent aperçu de l’art de vivre du XIIe siècle.

Extrait :

« D’aver ni de gran sen
No us parlarai nien
Car so son doas res
De qu’ieu gaire non pes :
Mas sol bel jauzimen
Et bel ensanhamen
E ardimen aiatz
C’aiso son très bontatz
« Je ne vous parlerai pas du tout
De richesse ni de grande intelligence,
Car il s’agit là de deux choses dont
Je ne me soucie guère
Mais contentez-vous d’avoir
Une belle joie, une bonne
Éducation et de l’audace,
Car ce sont trois qualités »

L’église

L’église de Roquefort a défié le temps, les guerres et les conflits et reste le monument emblématique de la ville.
Créé au XIIe siècle, elle était initialement un prieuré bénédictin et dépendait de l’abbaye de Saint-Sever. Les absidioles (chapelles latérales) de style roman restent le seul témoignage de cette époque. Au XIIIe siècle elle est reconstruite en partie (abside et nef) dans le style gothique. Au XIVe siècle elle devient une forteresse.
Au XVe siècle, elle est agrandie avec la création du magnifique portail de style gothique flamboyant qui sera plus tard protégé par la construction du proche.  En 1569, au moment des guerres de religion, elle est incendiée par les troupes de Montgomery avec le soutien des Roquefortois qui ont choisi le camp des Huguenots et les sculptures du portail sont mutilées. Elle est à nouveau reconstruite et dotée d’un système défensif et de sa tour carrée qui lui donne un caractère de forteresse.
La chapelle saint Joseph (inscrite aux monuments historiques) est une ancienne chapelle seigneuriale dont la porte d’entrée elle aussi de style gothique flamboyant est contemporaine du portail de l’église.
Aux XVIIIe et XIX siècles on procède à de nombreux aménagements intérieurs avec le chœur en bois sculpté et les peintures en style néogothique. Au XIXe siècle (années 1882) l’église est entièrement restaurée y compris ses peintures intérieures dans le respect du style du XIXe siècle. En 1951, à l’occasion de la restauration de l’Assomption du XVIIIe siècle qui dominait le maître hôtel apparait une autre Assomption daté du XVIe siècle Restaurée, elle reprend da place d’origine.
L’église de Roquefort est classée Monument historique depuis 1996 et fait l’objet d’importantes restaurations dans les années 2010 avec en particulier les peinture auxquelles on a gardé la style du XIXe siècle.

Roquefort à l’époque moderne (XVIe – XVIIIe siècle)

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Cette vue de Roquefort réalisée par de Wiert en 1612, nous montre encore le Roquefort médiéval avec ses deux châteaux bien visibles : à gauche, le château des vicomtes de Marsan, protégé de la ville par le fameux « cros » rempli d’eau. On remarque aussi un pont qui enjambait le confluent aboutissant à une tour donnant accès au plateau encore appelé aujourd’hui « Derrière le château » (Darré Castet en Gascon). A droite le château des Foix-Béarn, longeant la Douze.
Quelques années après la réalisation de ce dessin, en 1653 ce château est entièrement détruit par les troupes royales comme beaucoup d’autre en France car les Roquefortois avaient participé aux révoltes de la Fronde.
Dans la rue Alphonse Castaing, on peut voir à travers les grilles de l’ancienne maison qui fait face à la place Cazenave des arches sur le mur sud dont certains auteurs pensent que ce sont les traces de l’ancien couvent des Clarisses, installées ici en 1657. Autre ordre monastique important, celui des cordeliers dont le couvent se trouve sur la rive droite de l’Etampon, en haut de la rue du gué et l’on aperçoit encore sa chapelle qui regardait vers l’Eglise.
Au début du XVIIIe siècle comme on le voit sur l’atlas de Trudaine (1740), la ville garde

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Atlas de Trudaine, 1740
toujours son ancienne physionomie. La petite rue abrite toujours l’aristocratie et l’on voit apparaitre de nouvelles demeures dont deux d’entre elles rappellent le prestige de certaines familles. Il s’agit de l’ancien presbytère (n°126 rue Hubert Croharé). De style classique avec de belles ferronneries et un mascaron qui pourrait représenter Minerve, cette bâtisse date de la fin du XVIIe siècle. Elle a appartenu à un personnage important, Jean de Compaigne, maire de Roquefort et syndic général des Bastides, avocat au Parlement de Bordeaux. En 1849 elle est rachetée par la commune pour en faire le presbytère. Dans les années 2000, elle a été transformée en logement collectif.

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Un peu plus bas, au numéro 162 une autre maison prestigieuse du XVIIIe. Sa façade est richement décorée de fleurons de pierres et elle présente un mascaron à tête d’indien. Il nous rappelle assurément le commerce avec les îles en plein développement au XVIIIe siècle au départ des ports de Bordeaux et Bayonne et il est probable que des négociants roquefortois aient pu se livrer à ces échanges. C’est ce que semble attester ce mascaron.

mascaron cazenave

La ville au XIXe siècle, une histoire de ponts

C’est seulement au XIXe siècle que l’urbanisme de la ville évolue avec la nécessité de créer un nouveau pont sur l’Estampon. En effet, il y avait un pont de bois qui avait manifestement succédé à un passage à gué, réunissant l’actuelle rue du Gué à celle des Vielles écoles sur l’autre rive. Il était en fort piteux état et, en 1742, un ingénieur nommé Palard avait envisagé de le reconstruire un peu plus en aval. Il se heurta aux habitants qui voulaient un pont à Coupet, dans l’axe naturel de la ville. L’administration considéra que le pont n’était pas d’une si grande urgence puisque les habitants prenaient le temps de tergiverser. Mal leur en prit puisqu’il a fallu attendre 1810 soit 82 années pour qu’un nouveau projet voit le jour. Longtemps, la route Pari-Madrid passait par la Grande-Lande, mais en 1808, l’Empereur ouvrit une route vers Pau et Saragosse qui donc passait par Roquefort. L’embranchement vers Pau d’un côté et Bayonne de l’autre par Mont-de-Marsan se faisait (et se fait toujours) à Roquefort ce qui donna de l’importance à la petite ville d’autant qu’elle devenait une première étape importante entre Bazas et Aire. On peut donc dire que c’est la route qui a été à l’origine du développement de Roquefort, comme l’avait été le chemin de Saint Jacques au Moyen âge.
Il y eut de nombreux débats pour localiser le nouveau pont. On ne pouvait pas reprendre l’emplacement initial car il débouchait sur des rues qui étaient trop étroites et la remontée de la rue des vielles écoles était difficile pour les charrettes. Un autre projet proposa de construire le pont au-dessus du confluent. Il se heurta au refus des habitants. Il fut aussi question que la route contourne la ville par l’ouest ce qui permettait de construire un unique pont au-dessus de la Douze. Mais alors, il aurait fallu déplacer le bourg de part et d’autre du nouveau pont. C’est pourquoi, il fut choisi de construire le pont quelques 35m. en aval du pont initial, au pied de l’église. Inauguré en 1831 il a été construit par l’ingénieur des ponts et chaussées Goury en pierre des carrières locales.
La route traverse alors le bourg puis longe les fossés à l’est de la Ville. Appelée rue Neuve, cette rue est aujourd’hui la rue Laubaner qui aborde la côte de la Caserne en franchissant un autre pont construit en même temps, par le même ingénieur, le pont sur la Douze.
Ces aménagements ont généré le développement de la ville au XIXe siècle avec la création de maisons de part et d’autre du pont (rue du Pisque, places des Cordeliers et du soleil d’Or, rue Laubaner et rues adjacentes).  En 1836, des maisons vétustes, au bas de la place du Soleil d’or furent démolies pour construire l’hôtel de ville qui abritait au rez-de-chaussée la halle où se déroulait chaque dimanche le marché hebdomadaire.

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XXe siècle : La ville entre dans l’ère industrielle

Jusqu’au début du XXe siècle, Roquefort était un bourg de marchands et d’artisans.

Le calcaire a longtemps été exploité pour les constructions. Nombreux étaient les chaufourniers qui fournissaient les maçons de la région pour la confection du mortier de chaux et le blanchiment des maisons, le lait de chaux ayant des vertus antiseptiques. Roquefort fournissait aussi les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon qui enduisaient des tuiles romaines de chaux sur laquelle venait se fixer le naissain. Les terrains calcaires étaient propices à la culture de la vigne qui dominait largement le paysage agricole. On voit encore aujourd’hui autour de la ville de nombreux bois d’acacia (robinier ou faux acacia) car il était utilisé pour les piquets de vigne.

Au début du XXe siècle Roquefort entre dans l’ère industrielle avec la création par un grand propriétaire, Gaston Lescouzère, associé à M. Frié  des « Papèteries landaises ». Gaston Lescouzère a également été maire et conseiller général du canton de Roquefort et son nom a été donné à la rue qui longe le site industriel. L’usine commence son activité en 1928 et emploi dans ses début 80 salariés. La crise de 1929 a des effets néfastes sur l’économie mondiale et en 1931, « Les papèteries landaises » sont contrainte de cesser leur activité. En 1934, l’usine est rachetée par la société « Saint Frères » qui crée « la Société des papèteries de Roquefort ».

Après le Front populaire (1936), les papèteries pratiquent une politique sociale moderne : conventions collectives, semaine de 40h, deux semaines de congés payés. Elles participent aussi au développement des activités sportives avec le soutien aux clubs de rugby et de football, création d’un club de tennis et de gymnastique etc. Après la deuxième guerre mondiale, la papèterie connait sa période la plus faste employant jusqu’à 600 personnes.

En 1959, elle est rachetée par le groupe Saint-Gobain Pont-à -Mousson qui regroupe les usines de Roquefort, Facture, Tartas et Bègles sous l’appellation « La Cellulose du pin ».

Dans les années 1970 la politique de restructuration du groupe est néfaste pour Roquefort. Des ouvriers sont redéployés à Facture et Tartas, l’effectif roquefortois diminue sans cesse. Malgré les mouvements sociaux, l’action des syndicats et le soutien des pouvoirs publics, la fermeture de la papèterie sera effective le 30 juin 1978 créant un profond traumatisme dont la ville n’est pas encore totalement remise.

Urbanisme et architecture du XXe siècle

La présence de la papèterie a un effet direct sur l’urbanisme puisque, dans son sillage, deux nouveaux quartiers sont créés dans les années 1950 : la cité Nauton, au nord de la ville, à cheval sur Roquefort et Arue qui rassemble des maisons ouvrières et au Nord-Est en bord d’Estampon, la cité Champagne, réservée aux cadres de l’usine.
Pour ce qui concerne le centre-ville, l’événement marquant est la création en 1936 du Foyer Municipal qui est l’œuvre de deux artistes majeurs de l’entre-deux-guerres dans les Landes : l’architecte Franck Bonnefous et le sculpteur Lucien Danglade. Il est de style art-déco qui a connu son heure de gloire dans les Landes en particulier à Dax avec la création de l’Atrium casino et du Splendid hôtel. Bonnefous et Danglade ont également réalisé dans le même style la mairie, la poste et le Centre Jean Jaurès de Morcenx.
En face du foyer municipal, la boutique chez Françoise est quant à elle représentative de l’architecture moderniste des années 1950.

art déco et moderniste

Si ces deux bâtiments inscrivent Roquefort dans les grands courant de l’architecture de leur époque, il en est un autre, d’un très grand intérêt qui est construit en 1951 : les arènes de Roquefort. A la différence des précédents qui relèvent d’une architecture savante, ces arènes témoignent de la vitalité de la création populaire. Elles ont en effet été construite entièrement en bois de pin par trois charpentiers de Roquefort, Aurignac, Cécère, et Dupouy avec la contribution de très nombreux bénévoles. Auparavant les arènes étaient située « place de la course » qui est aujourd’hui la place Georges Lapios. Elles ne proposaient que des courses landaises alors que les nouvelles arènes sont conçues pour présenter également des novilladas. Avec cette réalisation, le maire Georges Lapios voulait inscrire Roquefort dans les grandes plazzas à côté de Dax et Mont-de-Marsan et de ce fait donner une grande envergure à sa ville. Aujourd’hui ces arènes de Roquefort - « La monumental de pin » - sont inscrites au titre des monuments historiques avec celles d’Amou et de Bascons. A partir de ces années-là, la municipalité a pu lotir l’avenue qui mène aux arènes depuis le centre-ville.

Les maisons qui ont alors été réalisées représentent également un courant de l’urbanisme des années 1950-1960. Il s’agissait de créer des conditions d’habitat décentes et adaptées à des populations généralement ouvrières mais qui, du fait de leur origine rurale, aspiraient à conserver un lopin de terre. C’est ainsi que fut créée en 1952 par le député des Landes Charles Lamarque-Cando qui deviendra 10 ans plus tard maire de Mont-de-Marsan, « la société coopérative des castors landais ».  Il s’agit d’un mouvement coopératif où chacun participe à la construction des logements des autres. Ces maisons de l’avenue des Arènes sont donc effectivement des castors comme on le disait à l’époque. Comme les quelques cinq mille castors créés dans les Landes, les style des maisons est une forme simplifiée et schématisée du style basco-landais conçu dans l’entre-deux guerres par les architectes qui ont œuvré dans le sud du département, principalement à Hossegor.

Cette architecture définit un idéal de vie des familles, chacune aspirant à avoir sa maison au cœur de son jardin. C’est à partir de cet idéal de vie que se développeront par la suite les lotissements sur les anciennes terres agricoles et viticoles de Roquefort. 

Sources

Docteur Joseph Lamothe, Roquefort de Marsan ou le rocher fortifié, société de Bordas 1987
Yves Pauliet, Les deux châteaux de Roquefort de Marsan, Bulletin de la société de Bordas, 1994, n°433
Document pour les journées du patrimoine coordonné par Jeanine Capes, Renaissance des cités d’Europe, 2005.
Revue de l’association culturelle du Confluent, 2006
Association de soutien et d’aide sociale au personnel de la papèterie de Roquefort, 50 ans de papèteries à Roquefort
Jacques de Cauna, l’Ensenhamen ou code du parfait chevalier, du troubadour Gascon Arnau-Guilhem de Marsan, Pyremonde – Princi Negue, 2007
Jeanne-Marie Fritz, Huit siècles d’histoire en Marsan, L’atelier des Brisants, 2017